Après avoir obtenu sa maîtrise en génie aéronautique en 1929, la Canadienne Elsie MacGill a dirigé la production des avions de chasse Hawker Hurricane produits par le Canada au cours de la Seconde Guerre mondiale. Ses efforts lui ont valu le nom de « Queen of the Hurricanes », une bande dessinée et un poste sur la courte liste des femmes dont on envisageait de reproduire la photo sur le billet de 10 $ de la dernière année. Cependant, les femmes ne gagnaient pas le même salaire que leurs homologues mâles, et c’est d’ailleurs toujours le cas aujourd'hui, même si l’écart de salaire entre les sexes en STGM s’approche de la parité et si les aptitudes et les talents technologiques des femmes restent encore sous-utilisés.
On aurait pu assurément former les Hurricanes et confier la direction de leur production à un homme, mais on ne l’a pas fait. Quelles caractéristiques Mme MacGill a-t-elle en commun avec toutes les femmes occupant un poste en STGM qui l’ont suivie et qui font en sorte qu’elles possèdent des qualités uniques pour réussir dans leurs domaines?
Il est maintenant bien connu que les femmes sont capables des prouesses mentales et intellectuelles nécessaires pour réussir dans les carrières axées sur les mathématiques, comme les technologies et le génie. Une étude récente de la Banque Toronto-Dominion révélait que les étudiantes affichent un degré élevé de compétences en mathématiques : « D’après le Programme d’évaluation des étudiants internationaux de l’OCDE, les femmes de quinze ans au Canada, à Singapour, en Corée et en Suisse surpassent leurs homologues masculins dans le 95e centile. »
la notion selon laquelle les femmes possèdent davantage de compétences non techniques
On considère généralement que les femmes sont sensibles aux compétences non techniques et des championnes dans ce domaine, ce qui comprend la créativité, la capacité d’établir des liens et de résoudre des problèmes, l’ouverture au changement, l’écoute de leur environnement et des sentiments des gens. Elles sont intuitives, innovatrices, sensibles et axées sur la collaboration, alors qu’elles contribuent à la mise sur pied de communautés et de groupes dans tous les aspects de leur vie, dont un et non le moindre concerne leur contribution au travail.
Ces caractéristiques qu’on considère le plus comme étant l’apanage des femmes représentent précisément ce dont on a besoin dans le domaine technologique. Le monde du travail, les modèles d’affaires qui le caractérisent, la façon d’effectuer le travail et ceux qui le réalisent, ainsi que la façon dont les produits sont fabriqués et distribués sont encore et toujours transformés par la technologie qui évolue et qui perturbe tout à la vitesse de l’éclair.
les femmes sont également des championnes de l’innovation
Un sondage que PwC a créé plus tôt cette année a permis de constater que « les femmes adoptent une approche unique en matière d’innovation et de technologie. Elles sont non seulement plus susceptibles d’apprécier et de voir leur potentiel, mais elles sont également plus agiles et motivées dans leur approche. » Elles sont les championnes de l’agilité et de l’innovation, mais elles sont prudentes dans leur façon de répondre afin d’assurer des résultats positifs.
Les femmes s’adaptent à la technologie et aux changements qu’elle amène. Elles voient sa valeur et son potentiel, mais elles l’abordent de manière plus prudente et plus réfléchie. Leur réflexion repose sur leur capacité d’appliquer la pensée latérale et verticale à la planification et à la résolution des problèmes. Autrement dit, à l’instar des étudiants en mathématiques du secondaire, elles peuvent être aussi sélectives, analytiques et séquentielles que leurs homologues mâles; elles ont également la capacité d’adopter des approches créatives, non traditionnelles et axées sur le questionnement en matière de développement et de résolution des problèmes. La pensée verticale est analytique et séquentielle, ce qui la rend importante dans le domaine technologique en raison du besoin d’organiser l’information et d’y accéder facilement.
Ce sont cependant des personnes axées sur la réflexion latérale persistantes et des entrepreneurs qui sont des preneurs de risques, qui imaginent de nouvelles façons de faire les choses et de démarrer de nouvelles entreprises avec succès. En fait, on écrivait ce qui suit en 2013 dans The Atlantic : « les entreprises de haute technologie avec capital de risque qui sont exploitées par des femmes affichent des revenus annuels qui sont en moyenne 12 pour cent plus élevés. De plus, elles utilisent en moyenne un tiers de capitaux de moins que les entreprises en démarrage administrées par des hommes ».
la diversité au travail est bonne pour les affaires
Les femmes sont responsables de près de 85 % des décisions d’achat. Elles adoptent rapidement la technologie; elles téléchargent de plus en plus de films et de jeux et consacrent davantage de temps à leurs téléphones portables, à la messagerie texte, aux lecteurs de livres numériques, au GPS et aux médias sociaux que les hommes. Qui comprend mieux les caractéristiques, les motivateurs et les besoins technologiques des femmes que les femmes?
Nous avons déjà parlé de l’écart qui existe entre le nombre de femmes qui sont admises dans les établissements d’enseignement technologiques et celles qui finissent par obtenir leur diplôme et par trouver un emploi dans le domaine. Une fois embauchées, ces femmes se retrouvent dans des environnements de travail empreints de préjugés où les salaires moins élevés, l’absence de soutien et de possibilités de perfectionnement représentent les principaux obstacles.
Les organisations dans le domaine des technologies doivent s’arrêter pour réfléchir sur leurs idées préconçues et leurs processus opérationnels qui compromettent leur capacité d’attirer et de retenir des femmes compétentes et talentueuses au sein de leurs équipes et trouver des moyens de les aider à bâtir leur carrière. Elles doivent épouser les qualités et les caractéristiques particulières aux femmes et voir les avantages et la valeur qu’elles apportent sur le lieu de travail. Dans un monde où l’innovation et le changement occupent une place importante dans la survie et la croissance de l’organisation, on manquerait de vision si on ne faisait pas de la diversité des sexes une priorité.