Le 25 septembre 2020, Ruth Bader Ginsburg, la deuxième femme à siéger à la Cour suprême des États-Unis, est décédée après une bataille contre le cancer. Celle que l’on connaissait sous le diminutif RBG était une ardente défenseure des droits des femmes. Au cours de ses six décennies de carrière juridique, elle a été un catalyseur du progrès, en initiant des changements politiques transformateurs. Parmi ses nombreuses et remarquables contributions, on peut citer l'ajustement de la clause d’égale protection du 14e amendement pour inclure les femmes et l'influence qu'elle a exercée pour faire adopter la loi sur la rémunération équitable, laquelle protège les femmes contre la discrimination salariale.
Ruth Ginsburg est célèbre pour avoir prononcé des mots qui inspireraient des générations de femmes et les filles aux quatre coins de la planète : « La place des femmes est partout où les décisions sont prises ». Alors que nous célébrons la Semaine de l'égalité des sexes au Canada, force est de constater qu’il y a encore du chemin à faire. En l'honneur de sa contribution monumentale à la défense des femmes dans le monde du travail, voici le portrait de quelques grandes Canadiennes et Québécoises qui, comme RBG, ont fait avancer la cause des femmes.
Mary Ann Shadd (1823 - 1983)
première femme noire à publier un journal en Amérique du Nord, militante des droits civils
Mary Ann a brisé plus que sa part de plafonds de verre. Elle a été la première femme noire d'Amérique du Nord à publier un journal, la première femme éditrice au Canada, la première femme noire diplômée de l'université Howard et la première femme noire à voter lors d'une élection. Il va sans dire qu'elle a ouvert la voie à de nombreuses femmes et personnes de couleur. Fervente défenseure de l'éducation universelle, des droits des femmes et de l'émancipation des Noirs, Mary Ann est devenue, à 60 ans, la deuxième femme noire à obtenir un diplôme de droit aux États-Unis.
Thérèse Forget Casgrain (1896 - 1981) - suffragette, féministe et femme politique québécoise
Féministe militante engagée et déterminée, Thérèse Casgrain a lutté sans relâche pour l'obtention du droit de vote et d'éligibilité pour les femmes québécoises en 1940. Première femme élue à la tête d’un parti politique au Canada et au Québec, elle a aussi créé la Fédération des femmes du Québec en 1966. Ses célèbres paroles sonnent toujours aussi juste, même en 2020 : « Tant qu’une seule femme sur la planète subira les effets du sexisme, la lutte des femmes sera légitime et le féminisme nécessaire. »
Judith Jasmin (1916-1972)
pionnière du journalisme au Québec
« Les faits, d'abord les faits ». Pionnière du journalisme au Québec, Judith Jasmin a toujours observé une rigueur sans faille dans son travail de reporter, ce qui a contribué à faire d'elle un exemple à suivre pour l'ensemble des gens de sa profession. Judith Jasmin a marqué toute une génération de téléspectateurs dans les années 1950 et 1960 grâce à ses reportages réalisés partout dans le monde et alliant objectivité et humanité. En 1972, la Société Saint-Jean-Baptiste lui a décerné le prix de journalisme Olivar-Asselin. Aujourd’hui, un prix de journalisme porte son nom : le prix Judith-Jasmin récompense chaque année les meilleurs reportages écrits et électroniques de la presse québécoise.
Bertha Wilson (1923-2007)
la première femme nommée à la Cour suprême du Canada
Bertha Wilson a été la première femme à être nommée à la Cour suprême du Canadapar Pierre Elliott Trudeau en 1982. Reconnue pour ses positions affirmées en faveur de la protection des droits de l'homme, elle a rendu des jugements déterminants autour de l'avortement, de la violence domestique, du viol statutaire et de la retraite obligatoire. Pendant ses neuf années de service à la plus haute cour du Canada, elle a promu avec beaucoup d’ardeur l'égalité des sexes, en montrant clairement à ses collègues comment les lois neutres désavantagent souvent les femmes et les minorités. Elle a été l'instigatrice de changements dans le droit canadien qui sont toujours d'actualité, comme la création de précédents sur les interprétations de la Charte des droits et libertés.
Margaret Atwood (1939 – )
romancière et poétesse Canadienne
Margaret Atwood est l'une des autrices les plus célèbres du Canada. Renommée pour ses écrits féministes, notamment The Edible Woman (1969) et The Handmaid's Tale (1985), son œuvre singulière remet en question les structures de pouvoir patriarcales. Bien qu'elle ait déclaré ne pas considérer son travail comme féministe, ses romans mettent en scène des personnages féminins forts qui ont été célébrés par des générations de femmes. Plus récemment, les robes écarlates et les bonnets blancs de The Handmaid's Tale ont été adoptés par le mouvement féministe comme symboles de résistance.
Pauline Marois (1949 – )
première femme élue Premier ministre du Québec
Première femme à avoir été élue Premier ministre du Québec, Pauline Marois a au cours de sa foisonnante et remarquable carrière politique piloté des dossiers majeurs qui ont radicalement changé le visage du Québec, comme la déconfessionalisation des commissions scolaires et la création d’un populaire réseau de centres de la petite enfance dont les places sont offertes à un coût modique à l’ensemble de la population québécoise, un modèle vanté partout dans le monde. C’est l’accomplissement dont elle s’enorgueillit le plus : « Par l’implantation des CPE, des centres de la petite enfance, par l’implantation du congé parental, on a fait reculer la pauvreté au Québec. C’est ce dont je suis le plus fière de toute ma carrière, même devant le fait que j’ai été la première femme première ministre du Québec ».
Gina Cody (1957 - )
ingénieur et chef d’entreprise
Née en Iran, Gina arrive au Canada en 1979 et s’installe à Montréal où elle complétera une maîtrise en ingénierie à l’Université Concordia. En 1989, Gina devient la première femme à obtenir un doctorat en génie du bâtiment à l’université Concordia. Elle déménage en Ontario où elle est embauchée chez Construction Control Inc. (CCI ; une société de conseil en ingénierie basée en Ontario), comme inspectrice de grues, ce qui fait d'elle la première femme à avoir escaladé des grues de construction à Toronto. Cody devient ensuite présidente de CCI. En 2018, l'Université Concordia renomme sa faculté de génie et d' informatique en son nom, ce qui en fait la première faculté de génie à porter le nom d’une femme au Canada et à l’échelle internationale. En 2010, Profit Magazine a nommé Gina Cody l'une des meilleurs femmes entrepreneures du Canada. Écoutez notre balado.
Jaime Black
créatrice du REDress Project qui met en lumière les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées
Jaime Black est une artiste métis connue pour avoir créé le projet The REDress, qui vise à attirer l'attention sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées au Canada. Créé pour la première fois en 2010, The REDress Project est une installation artistique qui met en scène des robes rouges suspendues dans divers espaces publics au Canada. Jamie Black a choisi la couleur rouge à la suite de conversations avec une amie autochtone, qui lui a dit que le rouge est la seule couleur que les esprits peuvent voir. « C'est donc vraiment comme si on interpellait l’esprit de ces femmes, pour leur permettre d'être parmi nous et de faire entendre leur voix à travers les membres de leur famille et de leur communauté ».