Le mois de la fierté a toujours lieu en juin dans de nombreuses régions du monde, y compris au Canada. Chaque année, le mois de juin est consacré à la commémoration et à la diffusion des voix, des cultures et des droits LGBTQ2 +. Les communautés queer et ses alliés participent à des événements à travers le monde pour attirer l'attention sur les constants défis auxquels les groupes LGBTQ2 + sont confrontés, tout en célébrant la vie queer par des célébrations animées et significatives.
En l'honneur de ce mois important, nous nous sommes assis et avons eu une conversation ouverte avec Patricio Guiterrez de chez Randstad pour discuter de ses expériences concernant la fierté et l'intimidation qu’il a subie quand il était plus jeune et, comment cela a affecté son parcours personnel et sa vie professionnelle. Patricio est membre du comité RISE de Randstad (notre groupe de ressources pour les employés sur la diversité et l'inclusion) et est un membre actif du groupe d'affinité LGBTQ + au sein de RISE.
l'histoire du mois de la fierté
Le Mois de la fierté remonte à juin 1969, lorsque les émeutes de Stonewall ont secoué New York. Le soulèvement a été déclenché par une descente policière dans un bar gai populaire du West Village de New York. Bien que fréquents pendant cette période, les clients du Stonewall Inn ont répondu en ripostant, ce qui a conduit à 4 jours de violentes manifestations. Les émeutes de Stonewall ont été un moment charnière dans la lutte pour les droits des homosexuels. On se souvient de Marsha P. Johnson, une femme transgenre noire et figure importante de la communauté queer, pour avoir lancé le combat au Stonewall Inn. D'autres militants - comme Sylvia Rivera, une drag queen autoproclamée qui a défendu les droits des transgenres et Raymond Castro, un boulanger qui a incité la foule lorsqu'il a lutté contre son arrestation - ils ont joué un rôle crucial dans le façonnement de l'avenir des droits des homosexuels. Après le soulèvement, en 1970, New York a organisé sa première parade de la fierté.
Au Canada, les premières manifestations pour les droits des personnes LGBTQ+ ont commencé en 1971 et ont culminé en 1977 avec la descente de police dans les bars Truxx et Mystique à Montréal, qui a fait descendre des milliers de manifestants dans la rue. Cet événement a conduit à une modification de la législation québécoise, faisant du Québec la première province du Canada à protéger officiellement l'orientation sexuelle et à adopter une loi sur les droits civils des personnes LGBTQ+. La première marche des fiertés à Montréal a eu lieu en 1979, pour commémorer le 10e anniversaire de Stonewall. L'histoire des personnes LGBTQ+ au Canada est riche en événements et en manifestations qui ont conduit à la situation actuelle, où les couples de même sexe ont désormais le droit de se marier (depuis 2005) et où les personnes LGBTQ+ sont protégées par la loi.
Pour attirer l'attention sur l'importance du Mois de la fierté et partager l'impact de cette célébration sur la vie, nous avons eu une conversation (virtuelle) avec Patricio Guiterrez. Patricio est un membre actif du groupe de ressources des employés Diversité et Inclusion de Randstad Canada et du comité RISE, en tant que membre du groupe d'affinité LGBTQ2 +. Quand il ne se bat pas pour l’égalité de tous, il travaille en tant que gestionnaire des ressources au sein de la division du personnel de Randstad.
un entretien avec patricio sur le mois de la fierté
Randstad: Que signifie Fierté pour vous?
Patricio: Pour moi, la fierté signifie être en mesure de célébrer son vrai soi authentique. À quoi que cela pourrait ressembler. Je suis un homme gai fier et heureusement je vis dans un pays où cela peut parfois être célébré sans craindre d'être harcelé. Pour moi, la fierté signifie être fier de qui je suis en tant que personne, dans l'ensemble; pas seulement en fonction de mon orientation sexuelle. Mon orientation sexuelle ne me définit pas en tant que personne, tout comme mon appartenance ethnique et mes croyances ne le font pas. Ce qui me définit en tant que personne c'est que je suis un être humain décent qui fait de son mieux pour traiter tout le monde avec la même dignité et le même respect que je voudrais en retour. Cela, pour moi, est quelque chose dont je peux être fier et pour toutes ces raisons et plus encore, je célèbre la fierté. De plus, être gai est plutôt génial!
Randstad: Pensez-vous que le mois de la fierté vous permet, ainsi qu'aux autres personnes LGBTQ2 +, de dénoncer la discrimination?
Patricio: 100%! Je pense que le mois de la fierté permet aux personnes LGBTQ2 + de dénoncer la discrimination. Il ne devrait pas être nécessaire de se concentrer sur un seul mois, mais en même temps, il y a tellement de choses qui se passent dans le monde en ce moment, qu'il est important de TOUJOURS parler contre TOUTE forme de discrimination. Nous entendons parler de ces horribles choses qui arrivent aux gens à cause de leur appartenance ethnique, en qui ils croient, qui ils aiment, etc. C'est très malheureux de voir et d'entendre ces choses se produire partout dans le monde et même dans notre propre cour. C'est pourquoi il est très important d'être un allié et de dénoncer toute forme de discrimination, quel que soit le mois!
Randstad : En quoi l’intimidation a-t-elle changé ta vie?
Patricio : Je subis toujours le traumatisme que j’ai enduré lorsque j’étais victime d’intimidation. Je pensais à l’époque que je n’étais pas directement affecté, mais en vieillissant, certaines choses ressortent. Peut-être que si ces choses ne m’avaient pas été dites ou faites, j’aurais plus confiance en moi aujourd’hui. Peut-être que je ne me soucierais pas de ce que pensent et disent les gens. Il est important de poursuivre ces discussions Je suis content qu’on en parle parce qu’on a tous été victimes d’intimidation. Certains plus que d’autres, à propos de ce qu’ils ont l’air ou qui ils aiment, et ça peut vraiment affecter quelqu’un. Cela fait vraiment des ravages..
Randstad : Absolument. Comment dirais-tu que tu as fait face à ça?
Patricio : On fait comme si de rien n’était pendant un temps, mais vient un moment ou trop, c’est trop. Je ne sais pas si je savais comment y faire face quand j’étais enfant. Je ne me sentais pas à l’aise d’aller chercher de l’aide. Quand vous êtes enfant, vous sentez que la personne que vous venez de rencontrer est votre meilleur ami, puis trois jours après, il vous poignarde dans le dos. Ça crée des problèmes de confiance. Vous ne savez plus si vous pouvez avoir confiance en quelqu’un à propos de choses personnelles, comme dans mon cas, le fait d’être gai. À l’époque, je ne le savais pas. Je niais la douleur et la souffrance et j’essayais juste de m’en sortir. Plus tard, j’en ai parlé, mais même là, à personne de proche, juste à des inconnus, anonymement, de sorte que les gens ne savaient pas qui j’étais.
Randstad : Es-tu arrivé à un point où, lorsque quelqu’un t’intimidait, tu étais capable de répliquer?
Patricio : Aujourd’hui, je suis parfaitement à l’aise de me défendre. Je ne l’étais vraiment pas quand j’étais plus jeune. J’étais trop concentré sur ce que les gens pensaient de moi et ma réputation. Pouah. J’aurais juste aimé ne pas être aussi concentré sur ça quand j’étais enfant. En vieillissant, parler aux gens est ce qui m’a le plus aidé. Même si je ne les connaissais pas vraiment, ça m’enlevait un poids des épaules.
Randstad : As-tu déjà eu à faire face à de l’intimidation au travail?
Patricio : Pas dans mon emploi actuel. Mais Randstad est le premier endroit où je suis entré, où j’ai pu être vraiment moi-même, un gai à part entière. Ce n’était pas quelque chose que je cachais, pas quelque chose de nouveau. Dans mon dernier emploi, je le montrais, mais je n’étais pas encore tout à fait à l’aise. Alors, arriver dans un nouvel environnement où tout le monde est aussi ouvert, peu importe d’où on vient, de qui on est amoureux et de ce qu’on fait, ça m’a assurément aidé en tant qu’homme. Ça m’a aidé à renforcer ma confiance en moi. Non seulement je sens que je suis bien dans ma carrière, mais les liens que j’y ai tissés sont personnellement importants pour moi. J’avais vraiment besoin de ça dans ma vie.
Randstad : À ton avis, qu’est-ce qui fait que Randstad soit un environnement aussi inclusif?
Patricio : Je suis de ceux qui croient fermement que les bonnes personnes attirent les bonnes personnes. Je crois foncièrement que tu reçois en retour l’énergie que tu déploies. Randstad a une si belle énergie. On y fait affaire avec des gens de différents horizons, des gens aisés, des gens qui luttent, de nouveaux arrivants qui ne parlent pas la même langue. Le fait d’être entouré de gens aussi différents, culturellement et personnellement, aide Randstad à être ouvert à la diversité et l’inclusion, parce que lon comprend! La majorité d’entre nous se mettent dans la peau de l’autre au quotidien.
Randstad : Que penses-tu que les entreprises devraient faire pour créer un environnement similaire?
Patricio : Adopter la diversité et l’inclusion place une organisation au-dessus des autres. C’est pourquoi Randstad – j’ai l’impression de vendre Randstad ici! – est une coche au-dessus du reste! Je traite avec des entreprises qui disent « je veux seulement des femmes », ou « je veux seulement des candidats blancs », ou « je veux seulement des hommes », ou quoi que ce soit. Mais moi, je dois leur dire « non, je suis désolé. Quiconque a les compétences et les qualifications peut faire le travail ». Les entreprises qui ont une mentalité d’exclusion n’entretiennent pas une bonne relation, n’affichent pas une bonne rétention de personnel, leur environnement est toxique. Il doit y avoir un équilibre. Pour réussir, toute organisation doit adopter la diversité et l’inclusion.
Randstad : Que pensez-vous que nous devrions faire sur les lieux de travail pour minimiser l’intimidation?. Penses-tu qu’on doit parler d’intimidation chez les adultes?
Patricio : Oui! C’est un sujet de discussion important. On doit être ouverts à des discussions difficiles. Ces échanges peuvent être durs, alors les organisations doivent faire savoir à leurs employés qu’ils peuvent avoir un soutien. Elles ont besoin de quelqu’un qui puisse jouer un rôle de médiateur, des ressources, et des gens à qui parler. Autrement, l’environnement peut devenir toxique. Maintenant que j’y pense, quand j’ai commencé, je n’ai pas été intimidé, mais j’ai vu d’autres gens l’être. Celui qui harcelait le faisait pour bien paraître, pour son propre bénéfice. Ce n’était pas correct et ça créait une ambiance inconfortable au bureau. Cette personne ne travaille plus ici.
Randstad : Je peux dire ça aussi. Toute personne qui entre dans cette organisation et se comporte en intimidateur ne travaille plus ici, peu importe combien d’argent elle rapportait.
Patricio : C’est comme ça que ça devrait être. Les gens négatifs ne s’entendront pas avec le groupe.
Randstad : Ce n’est même pas une question de s’entendre ou non. Notre environnement est rapide et stressant. Un comportement négatif affecte réellement la productivité. Il n’y a pas de place pour ça. C’est bien quand une organisation comprend ça.
Patricio : J’ai raconté mon histoire d’intimidation en classe de gym sur mon podcast. La personne qui m’avait intimidé m’a rejoint récemment et s’est excusée. Je crois qu’il a deux enfants maintenant, et il veut les élever dans le respect des autres, quelles que soient leurs différences. Ça a fait remonter beaucoup d’émotions; c’est fou, je ne m’attendais pas à ça. Il m’a dit que je pouvais le mettre en pièces si je le voulais, et à l’époque, je l’aurais probablement fait. Mais je me disais, non, à quoi ça sert, ça ferait de moi une personne misérable.
À cause de l’intimidation que j’ai vécue, c’est toujours un combat d’échafauder des plans et de les exécuter. Je deviens anxieux et me cherche des excuses. Je crois que c’est parce que, du fait de vivre ma vie de gai dans le placard, j’avais toujours peur de tomber sur quelqu’un qui connaissait mon secret et ça m’aurait publiquement embarrassé et humilié. Encore aujourd’hui, une part de moi se sent comme ça : j’ai peur d’avoir honte en public. L’intimidation te dérange. Ça commence tout petit quand on est enfant. C’est pourquoi c’est si important que des initiatives comme la Fierté soient au premier plan, pour nous et nos enfants. C’est tellement important que ces discussions aient lieu, pour continuer à partager. Cela peut ne pas sembler percutant, mais on doit continuer d’en parler pour le bien-être de la santé mentale de chacun.
Randstad : Si tu y penses bien, le fait d’être audacieux et d’avoir accepté de partager ton histoire a un impact positif sur plusieurs générations!
Patricio : C’est vrai. Étant enfant, tout ce que tu veux, c’est vivre ta vie et avoir du plaisir. Et là, arrivent ces intimidations qui la gâchent. C’est pourquoi NOUS, en tant qu’adultes, devons y mettre un terme.