Février est le Mois de l’histoire des Noirs.
Le Mois de l’histoire des Noirs nous invite à reconnaître, célébrer et honorer la vie des personnes noires qui ont transformé notre tissu social. Les récits, expériences et réalisations des Canadiens noirs s’étendent sur des siècles et incluent les histoires de personnes d’origines africaines, sud-américaines, caribéennes, européennes et américaines.
L’histoire des Noirs est complexe et bien souvent difficile. Le Canada comme nous le connaissons existe grâce à la participation et au travail, forcé ou payé, des Noirs. Du 17e siècle éreintant jusqu’à aujourd’hui, voici un petit segment de la longue histoire des premiers travailleurs au Canada.
débuts de l’histoire canadienne
Mathieu de Coste est le premier homme noir inscrit à arriver au Canada en 1608. Les explorateurs européens ont apprécié ses compétences linguistiques et il a été l’interprète de la langue Mi’kmaq pour le gouverneur d’Acadie.
Les milliers de Noirs arrivés après lui ont été moins ’privilégiés’. Comme ce fut le cas dans de nombreux pays de l’hémisphère occidental, les premiers travailleurs noirs étaient des esclaves. Ainsi, même s’il est vrai que le chemin de fer clandestin a transporté de nombreux Noirs américains vers une terre d’asile, le Canada n’a pas été qu’un témoin dans la traite d’esclaves transatlantique.
De la fin du 16e siècle au début du 19e, un commerce triangulaire avait cours entre les deux côtés de l’Atlantique. Les marchands européens se rendaient en Afrique pour échanger des biens contre des esclaves, qui étaient ensuite transportés vers les Amériques dans des conditions inhumaines.
Plusieurs étaient vendus à des propriétaires d’esclaves nord-américains pour produire des matières premières qui étaient ensuite transportées en Europe (ainsi, les esclaves africains ont joué un rôle essentiel dans le développement économique de l’Amérique du Nord.)
Certains d’entre eux ont été forcés à signer des contrats qui les engageaient à travailler sans rémunération pendant un certain nombre d’années. Cela se faisait en échange de nourriture et de logement. Leurs contrats les laissaient dans des conditions cruelles et d’exploitation. Mais, une fois leur contrat terminé, ils étaient libres.
Il aura fallu attendre le début du 18e siècle pour que l’attitude envers l’esclavage et l’asservissement commence à changer. Au début des années 1800, certaines provinces canadiennes ont aboli l’esclavage, mais ce n’est qu’en 1834 que l’Empire britannique a rendu cette pratique illégale.
évolution industrielle au 20e siècle
Les travailleurs noirs ont joué un rôle essentiel pour l’économie canadienne tout au long du 20e siècle. Ils ont participé de diverses façons à l’effort de guerre. Malgré la discrimination et la ségrégation raciales qui persistaient au sein de l’armée, la première unité militaire noire a été créée.
Au début du 20e siècle, l’arrivée des Noirs originaires des Caraïbes en Nouvelle-Écosse a augmenté le bassin de travailleurs au Canada.
Même si un grand nombre d’entre eux étaient venus pour travailler dans les aciéries du Cap Breton, ils ont aussi été nombreux à être engagés pour travailler au chemin de fer ou dans les wagons-dortoirs. Le tout nouveau chemin de fer national transcontinental reliant les deux côtes du Canada représentait une réussite nationale et la croissance économique, mais il donnait également lieu à d’importantes inégalités raciales et à de la cruauté envers certains travailleurs.
Pendant cette période, les Noirs étaient perçus comme de la main-d’œuvre bon marché et abondante. Ces porteurs effectuaient dans de mauvaises conditions des tâches souvent humiliantes. Ils n’étaient pas traités comme les porteurs blancs qui, eux, avaient droit à des promotions et pouvaient joindre un syndicat. La frustration grandissante au sein de la communauté noire a entraîné une lutte pour des changements législatifs.
La Fraternité des porteurs de wagons-dortoirs (la première organisation syndicale noire de porteurs ferroviaires en Amérique du Nord) a été fondée aux États-Unis et des sections ont vu le jour dans les principales villes canadiennes. Par la suite, les conditions de travail se sont améliorées sur les chemins de fer canadiens et le Canadien Pacifique a accepté d’augmenter les salaires et le nombre de congés. Les puissantes actions des porteurs noirs, reflet de la lutte de tous les travailleurs noirs au Canada, ont déclenché un mouvement vers le changement.
mouvement des droits de la personne dans l’après-guerre.
Les années 1940 ont été une période de changements législatifs partout au Canada qui s’est amorcée avec la Racial Discrimination Act de l’Ontario adoptée en 1944.
Cette loi historique a été la première loi canadienne contre la discrimination; elle interdisait l’affichage ou la publication d’éléments de discrimination fondée sur la race ou la religion. Elle a été suivie par:
- la Social Assistance Act de Colombie-Britannique en 1945,
- le Bill of Rights de la Saskatchewan en 1947
- et la Déclaration universelle des droits de l’homme en 1948.
C’est aussi en 1948 que la Loi électorale du Canada a été adoptée. Elle interdisait que des Canadiens soient exclus d’une élection fédérale en raison de leur race. Après des décennies de travail acharné, les militants des droits civiques ont amené les législateurs à adopter une loi fédérale interdisant la discrimination et promouvant l'égalité des chances.
Ce n’est toutefois qu’en 1960 que le parlement a adopté la première Déclaration canadienne des droits; elle avait pour but de protéger la liberté de parole et de religion ainsi que l’égalité.
Un demi-siècle de changements politiques a créé une place importante pour les travailleurs noirs au Canada. Mais, les changements sociaux sont souvent plus difficiles. Même si la discrimination est interdite et que les Canadiens noirs ont légalement un accès égal aux emplois, il n’en reste pas moins que la réalité des travailleurs noirs au Canada est encore bien différente que celle des travailleurs blancs.
la situation de nos jours
Aujourd'hui, les travailleurs noirs sont confrontés à des défis très différents. Le Canada a fait des progrès en devenant plus équitable et plus inclusif. Cependant, les travailleurs noirs sont confrontés à d'importantes lacunes sur le marché du travail en matière de promotion, de rémunération et d'opportunités.
Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour combattre le racisme anti-Noir sur le lieu de travail. Nombreux sont ceux qui souhaitent que leurs employeurs en fassent plus, prennent des engagements plus fermes et établissent des objectifs pour l'embauche et la promotion d'un plus grand nombre de personnes issues de la diversité.
Ces mesures doivent être assorties d'objectifs clairs et mesurables et de dispositifs de responsabilisation. Les entreprises d'aujourd'hui pourraient également se doter d'un plus grand nombre de ces éléments:
- nommer davantage de Noirs au conseil d'administration et/ou aux postes de cadres supérieurs
- davantage d'éducation et de formation à la lutte contre le racisme pour les employés et les cadres supérieurs
- les équipes dirigeantes doivent ’joindre le geste à la parole’.
- faire de la lutte contre le racisme envers les Noirs une des priorités du département des ressources humaines
- un changement culturel majeur
Si de nombreux Canadiens noirs ont remarqué des améliorations dans leur vie professionnelle au cours du siècle dernier, ils ont également constaté que les progrès sont lents.
En outre, ces améliorations ne touchent pas tout le monde de la même manière, car les femmes sont toujours moins bien payées et occupent moins de postes de pouvoir. Les femmes noires ont encore de nombreux obstacles à surmonter.
Le cumul des préjugés raciaux et sexistes a eu un impact considérable sur les expériences des femmes noires sur le marché du travail, diminuant trop souvent leurs réalisations et limitant leurs chances. Il y a encore du travail à faire, et il faut le faire.
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